15. Lalouvesc confiné, mais pas enfermé !

En période de confinement, la publication du bulletin se poursuit, nous vous expliquons pourquoi. Ce numéro 15 et les suivants seront consacrés à la situation exceptionnelle que vit le village, comme une grande partie de la planète.
A l'échelle de Lalouvesc, la solidarité se vit différemment de ce que l'on voit à la télévision, le quotidien confiné s'organise peut-être mieux qu'ailleurs, les habitations restent près de la nature, les commerces d'alimentation jouent un rôle primordial, les professionnels de santé sont bien connus de la population. Dans ce numéro nous privilégierons le témoignage de ces derniers.
La vie associative s'est provisoirement arrêtée, mais heureusement le web est encore là pour nous informer, nous distraire et nous cultiver.

À situation exceptionnelle... bulletins exceptionnels

La pandémie et le confinement qu'elle a entraîné ont bouleversé le quotidien de tout le monde... et aussi le processus électoral. Personne ne sait encore quand il reprendra.
Dans cette situation inédite nous nous sommes interrogés sur l'avenir de ce bulletin. Après en avoir discuté, avoir pesé le pour et le contre, nous avons choisi de poursuivre la publication, en faisant évoluer le contenu du bulletin vers des informations locales et en le rendant hebdomadaire. Nous mettrons provisoirement entre parenthèses toute information électorale. Nous nous concentrerons sur les informations du village. Nous sommes, bien sûr, ouverts à toutes celles que vous voudrez bien nous faire parvenir à fin de publication.
Ce bulletin est envoyé déjà à 140 abonnés. Ce serait dommage de distendre ce lien au moment où nous avons tous besoin de solidarité.

Lalouvesc confiné

Dans ce premier numéro du bulletin d'un Lalouvesc confiné, nous avons retenu trois témoignages de professionnels travaillant dans la santé qui sont en première ligne face à la pandémie : notre docteur d'abord, Didier Chieze, un de nos infirmiers ensuite, Cyrille Reboullet et enfin une responsable d'Ehpad, Martine Deygas Poinard.

Notre docteur


L'interview du Dr Didier Chieze, comme celle qui suivra avec Cyrille Reboullet, a été réalisée par Jacques Burriez qui les connaît depuis longtemps.
JB : Bonjour Docteur, comment vas-tu ?
DC : Ça va bien, Content de pouvoir te voir par FaceTime. Je trouve que tu as grossi....
JB : Ça doit être à cause de l'inactivité ! La première question concerne le village. Est-il touché par la pandémie ?
DC : À ma connaissance non. Il y a des cas suspectés dans d'autres villages, mais pas à Lalouvesc.
Pour les autres malades (hors Coronavirus), s'ils ne sont pas trop graves, ça ne présente pas de difficultés. Ils restent chez eux tranquillement. Ils se reposent, c'est aussi bien pour leur santé.
Pour les cas plus graves nécessitant des soins extérieurs, c'est plus périlleux. Il faut se déplacer et fréquenter souvent des lieux infectés. De plus ils sont plus vulnérables, nous limitons au maximum les soins extérieurs, sauf en cas d'extrême urgence.
JB : Qu'est-ce que le confinement a changé dans ta pratique médicale ?
DC : Je suis obligé de me laver les mains à chaque patient. J'emploie de l'alcool gélifié. Je mets mon masque et une blouse.
Le conseil de l'ordre nous a conseillé d'éviter d'utiliser le tensiomètre, se limiter à une utilisation exceptionnelle. Pourquoi pas de tensiomètre ? Simplement parce que c'est un appareil complexe, très difficile à nettoyer, c'est en tissu et plein de recoins, alors que le stéthoscope c'est facile à nettoyer avec un petit peu d'alcool.
JB : Les malades viennent-il à ton cabinet à la maison de retraite ?
DC : J'ai à peu près 25 appels par jour de personnes qui souhaitent consulter. J'arrive à régler par téléphone neuf cas sur dix. Pour certains, je leur transmets l'ordonnance par Internet. Quant aux rendez-vous au cabinet, je ne reçois pas plus de deux personnes en même temps, une qui attend dans le couloir, une qui attend dans la salle d'attente.
Pour les renouvellements d'ordonnances, il y a eu des consignes données aux pharmacies, même si l'ordonnance n'est plus valable, les personnes ont droit à un renouvellement supplémentaire. Les pharmacies sont obligées de les servir.
JB : Es-tu inquiet pour ta propre santé ?
DC : Oui bien sûr ! Je prends le maximum de protection comme je l'ai déjà dit tout à l'heure : masque, blouse, gants, lunettes avec protections latérales.
JB : Quelles sont les mesures de protections prises par l'Ehpad ?
DC : Et bien, à la maison de retraite c'est le confinement total. La porte d'entrée générale est bouclée. Il y a un interphone en cas d'urgence. Toutes les visites sont interdites.
Le personnel est systématiquement désinfecté à son arrivée, mais ce n'est pas facile.
JB : Ce confinement n'affecte-t-il pas le moral des pensionnaires ?
DC : Non je n'ai pas l'impression, ils ont le moral. Il y a plus d'appels téléphoniques que d'habitude. Les familles appellent au moins une fois par jour et le personnel est sans doute plus attentif au bien-être des occupants.
JB : Que conseilles-tu aux habitants de notre village en cette période de pandémie ?
DC : Il faut au maximum limiter les déplacements, juste pour aller chercher les courses alimentaires, une fois par semaine pour le boucher, deux fois par semaine pour l'épicerie. Si on se déplace à deux, respecter constamment un intervalle de 1,50 m. Pas de sortie en groupe, surtout pas.
Quand vous ramenez les courses, déballez les, jetez les emballages et lavez vous les mains tout de suite. Si vous n'avez pas d'alcool gélifié, utilisez du savon de Marseille c'est très bien.
Il faut aussi s'occuper. Ceux qui ont des jardins peuvent en profiter. Ceux qui ne peuvent pas sortir peuvent regarder la télé ou lire.
JB : Quand penses-tu que nous allons sortir de cette épidémie ?
DC : Pas tout de suite, elle va encore progresser. Nous n'avons pas atteint le pic. Et quand nous y serons, il ne faudra pas relâcher nos gestes barrières. La stabilité de l'épidémie sera fragile il faudra encore faire des efforts un bon moment.

Un infirmier

Je souris à l'arrivée de mon voisin Cyrille avec son masque et sa nouvelle coupe de cheveux commando. Il me répond : "Ça ne me fait pas rire ! Pour parler honnêtement, ce n'est pas dur physiquement, mais, moralement, c'est très éprouvant. À chaque moment, je peux être contaminé et malade et ramener le covid 19 à la maison. Les anciens prennent ça à la légère, ils disent ça ne peut pas être pire que pendant la guerre !" Notre infirmier leur répond : "oui mais là le problème c'est qu'on t'envoie à la guerre sans fusil !"
"Nous n'avons pas les bons masques, j'ai réussi à en avoir quelques uns, 'système D' les bons, mais pas beaucoup.
Globalement les gens sont quand même sereins, nous faisons tout pour les protéger. Quelques personnes sont assez isolées mais ça va. Par exemple Albert (96 ans) n'a aucune visite sauf moi, qui le visite pour ses soins, et l'aide ménagère, c'est normal c'est interdit !
Je m'aperçois néanmoins que le moral baisse de jour en jour. La surmédiatisation à la télévision de la maladie est aussi en cause, elle conforte cette baisse de moral.
Les gens sont compatissants et on s'aperçoit que la solidarité est bien là. Ils ont apprécié le geste fort de l'entraide générale des habitants du village, que ce soit les actions individuelles ou groupées avec l'aide des supports de communications sociales ou tout simplement par quelques appels téléphoniques, l'entraide globale a été très bien perçue, personne n'a été oublié. En parallèle de ma tournée dans le cadre de mon activité, je porte des affaires de première nécessité aux habitants qui me le demandent.
Mes coups de gueule sur Facebook ont débouché sur une prise de conscience générale qui m'a fait plaisir. J'ai remercié les Louvetonnes et Louvetous dans un autre message.
Ce qui me fait le plus peur c'est d'attraper le virus et de ne plus pouvoir soigner la population. C'est ça ma plus grosse crainte."
Notre infirmier me dit qu'il a été contacté par un responsable de la CPAM de l'Ardèche, qui lui a demandé s'il était prêt à prendre en charge des patients considérés positifs sur son secteur. “Je lui ai répondu que je considère que cette prise en charge est dans le cadre de mes fonctions, fonctions auxquelles je suis dévoué et que j'assumerai complètement mon activité professionnelle.”
Il indique que monsieur Simon Fanget a pris l'initiative de fabriquer des masques de protection selon les critères de fabrication du CHU de Grenoble quant au patronage et aux tissus à employer pour leur fabrication. Son geste est complètement bénévole. L'action n'a pas de but lucratif et ces masques sont distribués gratuitement aux commerçants du village.

Une salariée d'un Ehpad

Ehpad des Opalines, Tournon
"Notre groupe avait pris, il y a deux semaines, la décision de confiner les résidents en interdisant toute visite, familles et amis. Et, aujourd'hui, les familles  nous sont reconnaissantes d'avoir anticipé ce confinement.
Concernant les gestes barrières (gel hydroalcoolique, port du masque si enrhumés et pas vaccinés aussi bien pour les familles, visiteurs et personnel), ils étaient en place depuis novembre 2019.
À ce jour  nos résidents sont confinés dans leur chambre tout en maintenant la continuité de leur prise en charge : les soins, la restauration et l’entretien. 
Il a fallu revoir toute l'organisation et, grâce à la cohésion du personnel, tout se passe très bien. Pour les résidents et les familles cet isolement n'est pas facile à vivre. Bien sûr, il y a les appels téléphoniques quotidiens, les mails. Avec l'aide des soignants, des communications par vidéo, WhatsApp, Messenger ont été mises en place les après-midi. Les familles et les résidents sont ravis.  Cela les rassure. Ils peuvent échanger. Notre animatrice fait de l'animation individuelle : activités manuelles, mots fléchés.
Les marques de soutien des familles nous encouragent à continuer notre travail dans la joie et la bonne humeur malgré tous les protocoles. Les résidents  nous remercient : 'Que du travail en plus  pour vous ! et toujours avec le sourire !'  Un sourire ne coûte rien mais produit beaucoup.
Un matin, en route pour mon lieu de travail, contrôle de police : 'Ehapd ? Ah, prenez bien soin de nos ainés et prenez soin de vous. Courage à tous!' Ça fait chaud au cœur.
Alors, du courage, nous en avons tous et nous prenons soin de nos ainés !"
Martine Deygas Poinard

Mais pas enfermé !

L'internet est magique. Il vous permet de recevoir ce bulletin et aussi de voyager sans quitter votre fauteuil, même si vous êtes confinés. Voici quelques suggestions de voyages, spéciales Louvetous.

Le monde est un jardin



La découverte de la nature ne peut plus se faire que dans un rayon limité. Profitons-en pour nous initier ou réviser notre botanique. Une des meilleures formations en ligne gratuite vient d'être réouverte à l'occasion du confinement. Il y a un cours par semaine en vidéo. C'est exceptionnel, si la nature vous intéresse, inscrivez-vous !

Le Carrefour des arts virtuel


Le programme du Carrefour des arts est presque bouclé. Voici quelque-uns des artistes que vous devriez pouvoir admirer cet été, si la situation est redevenue normale : Liliane Goossens (aquarelles), Florence V. Henric (peinture au doigt), Alain Mailland (tourneur sur bois).
Vous retrouverez aussi tous les artistes des années précédentes sur le site du Carrefour.
En outre, il est dès maintenant possible de visiter sur la toile de très nombreux musées partout dans le monde. Voici un lien qui vous donne un accès virtuel aux musées.

Les Promenades musicales virtuelles

On ne peut encore présenter le programme des Promenades car tous les rendez-vous ne sont pas finalisés. Mais nous avons demandé à Pierre Roger de nous proposer quelques flâneries sur la toile. Voici ses suggestions :
Commençons par une chanson de circonstance, en période de couples confinés, de Marie Baraton qui se produira aux Promenades en 2020.

Caroline Bugala était au programme des Promenades musicales 2019.

Les Voleurs de swing sont venus plusieurs fois.

Vous retrouverez la mention des artistes qui ont participé aux saisons antérieures des Promenades musicales sur le site de la manifestation.
Et plus largement, on trouvera une source plus que généreuse de musiques classiques et actuelles sur le site d’Arte Concert.

Un nouveau chemin (virtuel) de Saint Régis ?

On ne peut randonner sur le chemin de Saint Régis au-delà d'un kilomètre. Eh bien nous nous sommes lancés un défi : baliser un chemin de Saint Régis interplanétaire ! Saurez-vous le parcourir ?
Il démarre à la Basilique, bien sûr. Pour décoller et aller visiter Mars, Vénus, Mercure, Io et bien d'autres planètes et en profiter pour faire un petit coucou à la station spatiale, commencez par repérer sur l'image ci-contre la flèche rouge. Elle pointe en bas et à droite un "-", c'est l'accélérateur qui vous propulsera dans l'espace. Vous devrez cliquer de nombreuses fois dessus pour décoller, vous éloigner du village, puis de la terre et découvrir le bandeau qui vous permettra de visiter les planètes.
Prêts ? Alors, il vous suffit maintenant de cliquer ici et de commencer votre voyage (si le décollage s'arrête sur un planisphère, c'est sans doute parce que vous n'avez pas activé la "vue globe", il vous faudra cliquer à ce moment-là sur le petit globe qui apparaît au-dessus de l'accélérateur, le "-", et poursuivre votre voyage) ... et quand vous aurez envie de revenir sur terre, vous pourrez cliquer sur le petit "+". Nous vous suggérons d'en profiter pour aller visiter d'autres continents avec des vidéos à 360°. Pourquoi pas la Grande muraille en Chine ? Ou le Machu Picchu au Pérou ? Ou encore le Taj Mahal en Inde ?



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