20. Penser à demain

Avant de repartir pour une période électorale, voici un dernier bulletin consacré à l'information locale (tous les bulletins de cette série sont ici).
Le moment est venu avec le déconfinement de repenser à l'avenir. Ce bulletin y est consacré. Le bois fait partie des filières qui seront demain recherchées. Nous avons demandé à quatre jeunes de Lalouvesc qui se sont lancés dans les métiers du bois leurs idées pour développer ce secteur. Presque toutes les activités festives de cette été ont été abandonnées, mais une au moins a résisté, le Carrefour des Arts, son président nous en parle.
Beaucoup pensent qu'il nous faut réviser l'idée que nous avions de notre avenir. Cette question se pose-t-elle pour un village comme Lalouvesc ? Il est trop tôt pour répondre, mais cela n’empêche pas d'y réfléchir. Pour nous y aider, nous avons reproduit dans ce bulletin le questionnaire très simple rédigé par Bruno Latour, un des plus célèbres philosophes français. Et bien sûr, vous trouverez aussi quelques surprises envoyées par des lecteurs dans l'espace d'échange.

Quatre jeunes au bois

Le bois est un métier d'avenir et aussi peut être une piste pour l'avenir de Lalouvesc. La preuve : plusieurs jeunes du village ont choisi un métier dans la filière. Quatre d'entre eux nous ont fait part de leurs idées pour la développer... et ça décoiffe !

Lionel ACHARD : J’ai 26 ans, originaire de St Félicien. J’ai suivi une formation forestière au CEFA à Montélimar, où j’ai obtenu un BEP, un Bac Pro et un BTS centré sur la gestion forestière. J’ai choisi la filière bois car je trouve que c’est essentiel à notre vie. C’est un matériaux qui vit du début à la fin, dans toute ses utilisations.
Photo Gaëtan Serayet
Guillaume BESSET : J'ai 36 ans et je suis originaire de Lalouvesc. Je suis parti à l'âge de 16 ans pour y revenir 8 ans plus tard. J'ai fait mon apprentissage à l'institut des compagnons à Mouchard (Jura). Ensuite j'ai décidé de faire mon tour de France chez les compagnons charpentiers des devoirs du tour de France qui font partie de la fédération compagnonnique des métiers du bâtiment. Voilà maintenant 14 ans que je suis compagnon charpentier. Prédisposé aux métiers du bois, j'aime cette matière avec laquelle on peut faire diverses choses. Toutes les réalisations sont à elles seules des œuvres qui peuvent marquer des siècles.
Thomas COUETTE : J'ai 27 ans, j'ai grandi et j'habite à Lalouvesc. J'ai toujours été passionné par la construction. Après un BTS bâtiment orienté sur la maçonnerie, je me suis tourné vers la construction bois : la fuste. C'est un mode de construction atypique qui m'a tout de suite attiré, j'ai donc suivi une formation en Corrèze avant de me mettre à mon compte en tant que fustier. Ce qui me plaît, c'est de travailler directement le bois issu des forêts locales. C'est un matériaux naturel, chaleureux, écologique et durable. Chaque pièce de bois est unique et on peut laisser libre court à son imagination.
Gaëtan SERAYET : J’ai 22 ans, je suis originaire de Lalouvesc. A l’âge de 15 ans, à la sortie de la troisième je suis parti à l’institut des compagnons à Mouchard pour passer mon CAP de menuisier. A la fin de ces deux années, j’étais sûr que ce métier était fait pour moi, j’ai donc décidé de continuer à me perfectionner en partant sur le tour de France chez les compagnons menuisiers du devoir de liberté (à la Fédération compagnonnique). J’ai pu passer mon brevet professionnel. Je suis actuellement encore sur le tour de France, il me reste encore 1 an à faire pour terminer mon tour. Je suis en train de passer mon brevet de maîtrise pour continuer à approfondir mes connaissances. Le bois est un matériau très noble, on peut le travailler pour lui donner des formes exceptionnelles.

Encourager la filière bois à Lalouvesc

A partir de votre expérience, comment pourrait-on développer des activités autour de la filière bois à Lalouvesc ?

GB : Moi je demanderais plutôt : qui serait prêt à venir investir à Lalouvesc autour d'un projet sur du bois ?  De mon côté je suis prêt à aider avec mes connaissances et mon savoir-faire une personne qui voudrait s'impliquer dans l'activité de notre village.
Photo Lionel Achard

AL : Il y a plusieurs moyens et surtout plusieurs acteurs pour promouvoir le développement de la filière bois. Il faut que la municipalité se rapproche d’associations, d’entreprises et de sociétés dont le métier est de promouvoir et développer la filière (CRPF, FIBOIS, Pro Silva France…). Celles-ci pourront organiser, et conseiller la commune dans la gestion et le développement de sa filière bois.
Il faut mettre la filière bois en valeur au sein du village en commençant par reconstruire, rénover tout ce qui s’en rapproche (sentier botanique, terrain de jeu…).

GS : Dans un premier temps, c’est la communication qui doit jouer, il faut que nous soyons encouragés par la mairie, que celle-ci soit motivée par le sujet. Il y a plein de collectivités, d’associations qui pourraient donner leurs avis. Peut-être aussi mettre un coup de neuf au village, donner envie aux jeunes de s’investir.

TC : Pour encourager la filière bois, il faut commencer par promouvoir la construction bois. Par exemple poursuivre le projet d'un ''écolotissement bois'' en faisant davantage de publicité. Il faudrait sensibiliser les habitants à rénover ou construire en utilisant des produits issus de cette filière. La commune doit soutenir au maximum les acteurs présents sur le secteur (scierie, ETF, Menuiserie/charpente, constructeur, gestionnaire forestier, ...).

Quelles types d’activités, par exemple complémentaire aux vôtres ou sur d’autres domaines de la filière, pourraient s’ouvrir à Lalouvesc ?

GB : Je pense qu'il y a plein d'idées vu notre situation géographique pourquoi pas une usine de fabrication de papier ou de fabrication de briquettes pour se chauffer ou même une fabrique d'isolant bois ou une école filière bois à taille humaine ?
Photo Guillaume Besset

AL : Beaucoup d’activités manquent dans le secteur forestier que ce soit en amont ou en aval. Nous, par exemple, nous cherchons des bûcherons toute l’année. Un manque considérable d’ETF (entreprise d’exploitation forestière), se fait ressentir depuis plusieurs années dans la région. Des écoles et MFR (Maison forestière rurale), sont présentes dans la région, mais toutes à une heure de Lalouvesc, et nous ne les connaissons pas forcément. La gestion et l’exploitation, doivent aussi être maîtrisées, trop de coupes rases sont encore réalisées dans des buts commerciaux, et cela détériore nos paysages.
Je pense aussi que la transformation du bois n’est pas assez poussée, je parle à l’échelle nationale, d’autres pays ont une avance considérable, en matière de gestion et de transformation. Ces pays devraient nous servir d’exemple. L’aide à la création de nouvelles entreprises innovantes dans la transformation du bois devrait être une priorité pour la filière bois française.

GS : L’idée pourrait peut-être être de créer un lycée bois au sein de Lalouvesc qui pourrait regrouper plusieurs métiers (scieur, bûcheron, charpentier, menuisier, ébéniste…). Cette école pourrait permettre d’entretenir nos forêts. Avoir des personnes compétentes pour garder le savoir faire et pouvoir donner une belle image à notre beau village. Je pense qu’il manque aujourd’hui beaucoup de jeunes, l'effectif de l’école est faible, il faut un œil neuf.

TC : Tout type d'activité serait la bienvenue pour redynamiser Lalouvesc. Ce qu'il faut c'est donner envie aux plus jeunes de venir s'installer dans notre village et qu'ils puissent travailler sur place.

Comment faudrait-il s’y prendre pour les favoriser ?

GB : Déjà tout doit commencer par une propagande de notre village pour attirer des investisseurs qui croient en la capacité des zones rurales avec les moyens de communication que l'on connaît tous.
Photo Thomas Couette

AL : Pour donner à tous ces futurs entrepreneurs, l’envie de venir investir dans le secteur bois sur la région de Lalouvesc, il faut que la municipalité, parle de la filière. Mais pas que, il faut aussi qu’elle montre qu’elle accompagne ces entreprises, qu'elle les aide en tout point. Et comme le dit Guillaume, il ne faut pas hésiter à employer les moyens publicitaires de notre époque.

GS : Pour favoriser ces projets, il faut déjà être entouré de personnes investies, qui aient une bonne conscience et qui soient motivées. Après il est évident, comme l'ont dit Lionel et Guillaume, qu'il faut être soutenu par la municipalité et faire de la publicité. Je pense aussi que le département doit être investi, développer le Nord Ardèche ne peut être que bon pour l’aspect économique et touristique du village.

TC : Pour favoriser l'implantation de nouvelles entreprises il faut mettre à disposition des locaux ou zones artisanales.
Il faudrait également travailler au maximum en partenariat les uns avec les autres de l'amont à l'aval de la filière bois.

Quelques lignes sur le Carrefour des Arts 2020, et une bonne nouvelle

Depuis notre assemblée générale du samedi 8 février, le Carrefour des Arts a peu communiqué, au point que certaines personnes se sont interrogées sur le maintien de notre 32ème exposition du fait de la pandémie. Comme vous tous, les membres de l’équipe ont été confinés et ont appliqué et appliquent toujours les règles sanitaires en vigueur.
Mais pour autant, l’équipe n’a pas arrêté de travailler. Réunions en vidéo conférence, échanges de mails nombreux ont permis de terminer la préparation de l’exposition et de remédier aux annulations de certains artistes dues aux fermetures de frontières et autres conséquences de la pandémie.
Aujourd’hui, et sauf changements (dans les règles sanitaires à respecter dans la lutte contre la COVID 19), nous pouvons annoncer que l’édition 2020 du Carrefour des Arts aura bien lieu, et nous nous en réjouissons tous !
Bien sûr, des règles sanitaires devront être respectées, le nombre de visiteurs sera peut être limité certains jours, les horaires d’ouverture seront peut être modifiés, le port du masque sera très probablement obligatoire, certaines rambardes seront supprimées... mais cette exposition sera belle !
Nous ne pouvons à ce jour vous communiquer le jour précis d’ouverture, un doute persiste entre le mardi 14 juillet et le samedi 18 juillet mais il sera vite levé.
Le bois, la pierre, le verre seront présents pour cette exposition, des sculpteurs, des peintres et aquarellistes nous feront le grand plaisir d’être là. Les noms… vous pourrez les découvrir rapidement dans la Presse locale et sur la page Facebook de l’exposition.
L’équipe organisatrice se réunit une dernière fois ce lundi 1er juin pour finaliser les derniers préparatifs et acter les derniers choix : la date définitive d’ouverture sera fixée, le protocole sanitaire à respecter sera arrêté… Les dates de montage de l’exposition seront définies… L’équipe sera « en place », motivée. La volonté et la motivation de l’équipe est à son maximum pour que ce bel évènement puisse avoir lieu dans les meilleures conditions !

Julien Besset, président du Carrefour des Arts

Demain sera différent

Le travail du bois comme les arts plastiques seront à coup sûr préservés dans la planète que nous souhaitons pour nos enfants. Mais d'autres activités ne méritent peut-être pas le même sort. Il existe de nombreuses initiatives citoyennes pour imaginer "le monde d'après". La pandémie et le confinement, qui l'a accompagnée, ont été pour beaucoup l'occasion de réfléchir à l'avenir qu'il nous faut dessiner. Une vaste question bien sûr, mais qui se pose aussi très concrètement, localement pour notre village. Sans prétendre y répondre ici, on peut déjà se donner les moyens d'y réfléchir. Pour cela, nous avons repris ici l'interpellation du philosophe Bruno Latour pour vous la proposer.
En partant de votre expérience personnelle, il s’agit de faire la liste des activités dont vous vous êtes sentis privés par la crise actuelle et qui vous ont donné la sensation d’une atteinte à vos conditions essentielles de subsistance. Pour chaque activité, pouvez-vous indiquer si vous aimeriez que celles-ci reprennent à l’identique (comme avant), mieux, ou qu’elles ne reprennent pas du tout.
Attention, il ne s'agit pas d'accumuler des vœux pieux ou des réactions faciles sans mesurer les difficultés des réalisations, mais bien à partir de son expérience de faire des propositions simples et réalistes.

Que supprimer ?

  • Question 1 : Quelles sont les activités suspendues dont vous souhaiteriez qu’elles ne reprennent pas ?
  • Question 2 : Décrivez a) pourquoi cette activité vous apparaît nuisible/ superflue/ dangereuse/ incohérente ; b) en quoi sa disparition/ mise en veilleuse/ substitution rendrait d’autres activités que vous favorisez plus faciles/ plus cohérentes ?
  • Question 3 : Quelles mesures préconisez-vous pour que les ouvriers/ employés/ agents/ entrepreneurs qui ne pourront plus continuer dans les activités que vous supprimez se voient faciliter la transition vers d’autres activités ?

Que développer ?

  • Question 4 : Quelles sont les activités suspendues dont vous souhaiteriez qu’elles se développent/ reprennent ou celles qui devraient être inventées en remplacement ?
  • Question 5 : Décrivez a) pourquoi cette activité vous apparaît positive ; b) comment elle rend plus faciles/ harmonieuses/ cohérentes d’autres activités que vous favorisez ; et c) permettent de lutter contre celles que vous jugez défavorables ?
  • Question 6 : Quelles mesures préconisez-vous pour aider les ouvriers/ employés/ agents/ entrepreneurs à acquérir les capacités/ moyens/ revenus/ instruments permettant la reprise/ le développement/ la création de cette activité ? 
Si vous souhaitez participer au processus mondial lancé par Bruno Latour, vous pouvez remplir le questionnaire en ligne. Pour notre part, son interpellation nous invite aussi à réfléchir au village que nous voulons pour demain.

Et puisque nous en sommes à refaire le monde et sauver la planète, saurez-vous reconstruire cet étonnant clair de Terre photographié depuis la Lune par la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter en 2015 (photo Nasa) ?



Espace d'échange

Sur l'album d'André Gauthier

La troupe théâtrale de Lalouvesc en 1949
Marie-Régine Gauthier est assise sur les genoux de Madame Borne.
Question : quelle pièce de théâtre était à l'affiche à Lalouvesc en 1949 ?
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Déconfinés, mais pas décoiffés

Le salon de coiffure remercie toutes ses clientes et clients de votre retour, c'est avec plaisir et sous quelques contraintes que le salon a réouvert.
Gel hydroalcoolique à l'entrée, masque obligatoire, peignoir à usage unique, plus de magazine ... cependant vous pouvez venir avec votre revue perso, les tablettes et les fauteuils sont désinfectés après chaque client.
La vie continue 💇 et bien coiffée !!!
Ondu'ligne Coiffure
Pascal Dobremel

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